AVIS DES ÉLUS CFDT SUR LE PLAN PRÉVISIONNEL STRATÉGIQUE ET SOCIAL
CONSULTATION DES ÉLUS SUR LE PPSS :
UN PROJET SANS AMBITION ET INADAPTÉ

Les élus du CSEC sont amenés à se prononcer sur la réactualisation du PPSS (Plan Prévisionnel Stratégique et Social), présenté pour la première fois en fin d’année dernière, au regard de la stratégie définie dans le cadre de COVEA @venir 2021. Nous nous sommes déjà exprimés sur ce nouveau plan stratégique qui, selon nous, manque d’ambition sur le plan du développement commercial avec une progression peu ambitieuse de 2 % du CA.
En revanche, la Direction Générale n’a qu’une obsession diminuer les frais généraux, en utilisant comme principal levier, les frais de personnel. Pour ce faire, cette dernière n’hésite pas à remettre en cause le statut commun et ses avantages pour faire des économies.
En réalité, la véritable difficulté de notre groupe réside dans le manque d’ambition de la direction qui entraine un essoufflement de notre développement commercial sur le marché du particulier et, à l’ère du digital, une absence d’innovation dans la commercialisation de nos produits.
Notre constat est le suivant : le modèle ayant fait les heures de gloire de la MAAF est à bout de souffle. La dynamique commerciale GMF est pénalisée par des outils informatiques d’un autre temps et des bugs à répétition. Enfin chez MMA, même si le virage du pro et de l’entreprise a été initié, il reste encore beaucoup à faire pour mettre en ordre de marche l’ensemble de notre réseau d’agents dans cette dynamique.
Il faut un changement stratégique fort, une transparence des directions et regagner la confiance des équipes pour redresser la barre.
« En définitive, l’ambition n’est plus au rendez-vous et les salariés en paient les frais. »
« En définitive, l’ambition n’est plus au rendez-vous et les salariés en paient les frais. »
UN DIAGNOSTIQUE EN 3 TEMPS
Selon la CFDT, l’origine de ce « mal » repose sur 3 éléments majeurs :
1. La gouvernance de l’entreprise
Portée par les projets CERNAY 1 et 2, elle sclérose le processus de décision. Hier, nous avions un tandem avec des rôles clairement définis entre le Président et le DGD Assurances.
Une « cour » du Roi plus qu’un organe de direction
Aujourd’hui, « la garde rapprochée » de notre Président est plus dans une lutte de pouvoir pour connaitre qui sera « l’héritier » que dans une construction collégiale, chacun défendant son pré carré au détriment du collectif.
Le salarié COVÉA, un « bouc émissaire » facile !
Un exemple parmi tant d’autres : le revirement de positionnement vis-à-vis du statut commun. En juin 2017, tous les membres du Comex COVEA se félicitaient de sa signature, négociée en un temps record faisant la une de la presse et la fierté de COVEA. Aujourd’hui, certains membres du Comex le critiquent ouvertement et lui font porter la responsabilité de la dérive des frais généraux, des mauvais résultats commerciaux…
Réfléchir avant de s’engager dans la signature de ce pacte social assumé et voulu à l’époque par le Président aurait été plus responsable que de vouloir lui faire porter la responsabilité des dérives d’aujourd’hui !

2. Une stratégie informatique
La Direction a pris un retard conséquent dans le développement des parcours digitaux, pourtant indispensables pour répondre aux nouveaux modes de consommation des sociétaires et prospects.
À cela se rajoute l’obsolescence des SI, notamment sinistres, et la complexité d’interfacer les systèmes avec des progiciels du marché, nouvelle tendance du schéma directeur de la DTSI…
Les investissements sont pourtant conséquents et se comptent en centaines de millions d’euros. Pour exemple, Salesforce, et Ecla, qui ne sont pas aux attendus et mettent le groupe COVEA en difficulté.
L’intégration n’est pas aussi facile que nous l’avions imaginée, à tel point que le déploiement prévu chez les agents MMA a pris un retard considérable, ce qui impacte les démultiplications chez MAAF et GMF respectivement prévues en 2020 et 2021. Paradoxalement, ce projet est un élément majeur de la nouvelle stratégie du groupe, du PPSS, qui pèse de façon conséquente sur nos frais généraux.
La Direction Générale ne prend pas ses responsabilités et s’acharne en continuant à dépenser des millions d’euros, alors que cela ne fonctionne pas. Parfois, il est préférable de savoir assumer ses pertes plutôt que de s’obstiner ! Corollaire de tout cela, les arbitrages budgétaires pour maintenir à flot ce projet, ont condamné en partie les investissements nécessaires pour le maintien et le développement des applicatifs métiers, fragilisant ainsi le cœur de nos outils de production.
N’omettons pas de souligner au passage qu’on a laissé pour compte une grande partie des collaborateurs de la DTSI au profit de ressources externes.
Il ne faut jamais oublier le vieil adage « pendant les travaux la vente continue » !
3. Le dossier SCOR
Lui aussi, est responsable indirectement de cette situation. Les attaques portées par Mr KESSLER et la société SCOR, à l’encontre de notre groupe, sur l’opacité de notre gouvernance, notre laxisme en matière de gestion des frais généraux entre autres, et la remise en cause de la probité de notre Président, a mis Covéa sous la lumière des projecteurs de l’ACPR, des autres acteurs du marché et de la presse. Cela a eu pour conséquence de semer le doute dans l’esprit des collaborateurs et chez certains de nos sociétaires, notamment sur l’utilisation de nos fonds propres.
Les moyens humains et financiers (pour payer les avocats, les banques d’affaires…) que la Direction Générale a mobilisés, pour démontrer qu’un groupe Mutualiste était capable de jouer dans la cour des grands et de répondre aux accusations, nous a pénalisé sur notre cœur d’activité et a incité notre Direction Générale à aller encore plus loin dans la maîtrise de nos frais généraux dans le seul but d’afficher des garanties vis-à-vis des marchés financiers.

LA CFDT COVÉA DÉNONCE LE MANQUE DE COURAGE ET D’ENGAGEMENT POUR NOTRE ENTREPRISE ET SES COLLABORATEURS
POURQUOI AUJOURD’HUI LA CFDT, QUI A TOUJOURS ÉTÉ UN ACTEUR MAJEUR DANS LA CONSTRUCTION DU GROUPE COVEA, FAIT-elle UN BILAN AUSSI CRITIQUE ?
Notre analyse est assurément sévère mais réaliste. Insidieusement la Direction Générale veut remettre en cause le pacte social que nous avons signé avec elle au motif qu’il coûterait trop cher.
De la même manière, elle n’assume pas ses échecs et cherche à en faire porter la responsabilité aux collaborateurs qui ne seraient prétendument pas assez performants, compétitifs, employables… Comment voulez-vous avoir des équipes fières et engagées quand les outils ne fonctionnent pas, que la stratégie n’est pas claire et partagée et que les Directions métiers raisonnent encore par marques sur l’organisation du travail ?
Nous sommes très loin de l’entreprise unique voulue par notre Président lors de la réunion du top management de septembre 2014 à Bordeaux.
POUR VOTRE ÉQUIPE CFDT, DIRECTION ET SALARIÉS SONT LES DÉPOSITAIRES D’UNE RÉUSSITE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE QU’IL FAUT PRÉSERVER
Que ce soit MAAF, GMF ou MMA, nos entreprises ont toutes failli disparaitre à un moment donné de leur histoire à cause d’erreurs stratégiques de leurs gouvernants. Pour autant, le corps social de chacune de nos maisons a su relever les défis pour survivre et parfois, au prix de sacrifices importants : Gel des salaires chez GMF, baisse de salaires chez MAAF, Plan à 1 000 jours chez MMA…

Aujourd’hui, nous sommes fiers d’avoir pu traverser ces épreuves, au service de nos sociétaires tout en créant de la richesse qui fait que notre groupe dispose de près de 17 milliards d’euros de fonds propres et donc d’une solvabilité parmi les meilleures du marché.
Cette richesse doit naturellement être aux services de nos sociétaires, de notre développement pour financer nos outils de production, et des acquisitions externes éventuelles. Mais elle doit aussi contribuer à l’amélioration des conditions de travail, et de la rémunération des collaborateurs. Des salariés heureux font des clients et des prospects satisfaits et fiers de leur assureur.
Pourquoi ce rappel ? Nous sommes tous de passage dans l’histoire de notre groupe que nous soyons salariés ou PDG, et nous avons aussi tous une obligation, de le pérenniser pour les générations futures.
Nous pouvons tous nous mobiliser pour redresser la barre comme nous avons su le faire par le passé. Pour ce faire, il faut avoir un discours de vérité et réformer en profondeur et non pas par petites touches successives. Il faut donner un sens global à la stratégie déployée.
FAIRE FACE ET SE DONNER LES MOYENS DE SES AMBITIONS
Pour la CFDT, il n’y a aucun sujet tabou : l’introduction de l’Intelligence Artificielle, le remaillage ou la convergence de nos réseaux de distribution, la simplification des process de gestion, la refonte de notre informatique, la consolidation des CCC… dès lors que cela ne se fait pas au détriment des conditions de travail et l’équilibre vie privée/vie professionnelle.
La DRH doit disposer de moyens conséquents pour accompagner ces changements auprès des managers et des salariés. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas car nous manquons cruellement de RRH, et d’outils pour nous accompagner.
Il reste un sujet de fond, qui faute de courage de notre Direction Générale COVEA, n’est pas véritablement abordé dans ce PPSS sauf à travers « Simplifions MMA », c’est le niveau de l’emploi.

EMPLOIS, IL VAUT MIEUX PRÉVENIR QUE GUÉRIR
Là aussi, il faut être responsable et ne pas se mentir. Si la Direction juge que le niveau des effectifs est trop important, elle doit le dire et travailler le sujet sans tabou. Dans les années à venir, nous avons une opportunité, avec les départs en retraite, de remodeler nos effectifs en douceur vers les métiers assurantiels de demain. Si cette dernière n’est pas saisie, il sera trop tard et nous serons obligés de mettre en œuvre des dispositifs bien plus violents, type Plan de Sauvegarde de l’emploi.
Alors, le niveau des effectifs est-il trop élevé ? Tous les signaux envoyés par notre Direction Générale tendent à le démontrer mais plutôt que de l’assumer, elle a choisi l’option de facilité qui consiste à déconstruire le statut commun pour réduire les frais généraux en croyant ainsi éviter de faire trop de vagues. Il faut un changement stratégique fort, une transparence des directions métiers pour regagner la confiance des salariés.
Comme nous l’avons expliqué, l’équation à résoudre pour améliorer notre performance passe par le développement commercial et non pas, par la remise en cause de la condition sociale des salariés du Groupe, qui en font sa force et sa richesse. La solution intègre nécessairement une prise de conscience de nos dirigeants pour repenser le modèle autour d’un dialogue social constructif pour lequel la CFDT se veut optimiste. La CFDT émet donc un avis défavorable sur le PPSS.